Trump ou l'industrie du contentieux au coeur de la campagne américaine

Une enquête réalisée en juin 2016 par « USA TODAY [1] » fait apparaitre que le candidat Donald Trump et ses entreprises ont été impliqués dans plus de 3500 actions judiciaires au cours de ces 30 dernières années.

Cette enquête, réalisée au milieu de la campagne présidentielle américaine, a été très discutée  médiatiquement et risque de donner des arguments aux adversaires de Trump, au premier rang desquels Hillary Clinton, dont les propres déboires judiciaires liés à l’utilisation d’une boite mail privée pour envoyer des messages « top secret » semblent résolus.

En effet, c’est l’image de « l’homme Trump » qui est en jeu, celui qui se présente lui-même « comme le sauveur des classes laborieuses », mais qui, dans le même temps, ferait de la justice un instrument de destruction du citoyen américain, à travers l’emploi de moyens démesurés dans des poursuites civiles pouvant conduire au dépôt de bilan de ses adversaires.

La typologie des contentieux Trump se décompose comme suit [2] :

Le nombre de ces contentieux est statistiquement très excessif.

Mais l’enquête met surtout en lumière le fait que les contentieux concernés touchent largement et anormalement en nombre des personnes physiques ou des entreprises de très petites tailles, c’est-à-dire le cœur même de l’esprit de la libre entreprise, étendard de la philosophie économique américaine.

En un mot, le rêve américain avec une tête, deux bras et deux jambes.

Il peut en en effet s’agir de plombiers, de peintres, de plongeurs de restaurants, de serveurs…..

Selon l’enquête de USA TODAY, « Trump a pris l'habitude d'épuiser financièrement petites entreprises et fournisseurs en justice, et d'attendre que les dégâts financiers qu'il leur a infligé les poussent à la faillite".

Il est aussi partie à des contentieux impliquant la jeunesse puisqu’une enquête pour fraude a été introduite contre la Trump University au cours de laquelle, une somme de 40 millions de dollars est réclamée pour tromperie du consommateur. [3]

Le Procureur Général de New-York «  décrit l'Université Trump comme une arnaque leurrant ses clients et a insisté sur le fait que l'organisation n'était pas une Université. Schneiderman a accusé Trump d'avoir dupé plus de 5 000 personnes et de les avoir fait payer jusqu'à 35 000 dollars pour leur apprendre ses techniques d'investissement immobilier».

L'Université Trump a aussi engagé une poursuite en diffamation de 1 million de dollars contre une ancienne étudiante de l'Université Trump, Tarla Makaeff, qui avait dépensé autour de 37,000 dollars pour des séminaires, après que celle-ci ait rejoint un recours collectif et publié ses expériences de classe sur les réseaux sociaux.

Incapable de prouver une malveillance, l'Université Trump perdit l'action en justice, une poursuite-bâton (en vertu de lois conçues pour contrecarrer toutes intimidations légales des participants au recours collectif), et fut condamnée par le juge fédéral en Avril 2015 à payer Makaeff et ses avocats 798 774,24 dollars en frais et dépens de procédure.

En 2013, la Cour d'appel pour le neuvième circuit a confirmé le jugement, remarquant que « les victimes des escrocs chantent souvent les louanges de leurs persécuteurs jusqu'au moment où elles réalisent qu'elles ont été dupées ». [4]

Le caractère présidentiel du système politique américain et l’hégémonie toujours plus grandissante de l’image dans les médias poussent à la personnification du candidat aux yeux de ses concitoyens.

Ce qui a pu être relaté sur la personnalité de Donald Trump dans le cadre de ses implications judiciaires à l’échelle industrielle, pourra peut-être permettre au peuple américain d’en savoir plus sur l’homme qu’il est au-delà de ses promesses politiques.

 

Philippe Berteaux, Associé

 

[1] Nick Penzenstadler and Susan Page, USA TODAY8:21 a.m. EDT June 2, 2016

[2] Source USA TODAY

[3] Eddie Curran, « New York judge finds Donald Trump liable for unlicensed school » [archive], Reuters,‎ 16 octobre 2014

[4] Trump faces two-front legal fight over 'university' [archive] USA Today

 



About the author